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A NAPLES

 

EXTRAITS DU JOURNAL DE COSIMA

 

Samedi 3 janvier 1880

Départ [de Munich] à neuf heures; R. ne prend aucun plaisir au paysage, le Brenner l'ennuie. Ennuis à Ala où il nous faut payer de nouveau, ennuis à Bologne (4 heures du matin), ennuis dans le wagon où le poêle allumé dégage une chaleur telle que nous devons laisser toutes les fenêtres ouvertes, ce dont il résulte un grand froid, et pourtant,

Dimanche 4 janvier

une belle journée très gaie ! Est-ce le paysage, est-ce parce que nous avons fait la plus grande partie du voyage, nous sommes tous contents et nous arrivons rapidement, du moins nous semble-t-il, à Naples où nous ami Gersdorff nous accueille. Premier ennui, les bages ne sont pas là, deuxième, le plus grave, on nous a pris un étage entier, toutes sortes d'escroqueries diverses dont nous sommes dédommagés le

Lundi 5 janvier

par un soleil éclatant et un coup d'oeil indescriptible sur toute chose...

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NAPLES, VILLA D'ANGRI

A RAVELLO & AMALFI

EXTRAITS DU JOURNAL DE COSIMA

 

Mardi 25 mai 1880

Préparatifs, le départ est à midi de la Villa d'Angri et nous sommes un peu énervés, car nous craignons d'arriver en retard. Nous avons un wagon-salon grâce à la prévoyance affectueuse de l'ami Joukowski, ce qui réjouit beaucoup Richard qui chante: «Mon maître part en voyage...» --- Voyage divin jusqu'à Amalfi, visite de la cathédrale qui contrarie un peu R., mais la soirée que nous passons à la terrasse de l'hôtel des Capucins remène sa bonne humeur qu'il avait d'ailleurs déjà rétablie à table en me taquinant à propos de ma curiosité au sujet de Saint André «vu à la lumière».

 

Amalfi - Place du marché et Cathédrale

L'Hôtel Cappuccini Convento, à Amalfi, et sa terrasse

A Ravello, Palais Rufolo

Mercredi 26 mai 1880

Petit-déjeuner très gai et départ pour Ravello, beau au-delà de toute desciption. Nous trouvons à Ravello le jardin de Klingsor. Petit déjeuner à la villa...(?), puis café chez l'intendant de M. Reed dont la femme, une Suissesse, nous rappelle Vreneli et nous plaît beaucoup dans sa gravité. Nous allons à cheval en passant par Santa Chiara jusqu'au petit pavillon (c'est là que la vue sur Santa Chiara est pour moi la plus belle.) Halte avec les chants de Pepino. Nous redescendons en rêvant, belle soirée sur la terrasse à parler des étoiles qui brillent au-dessus de nous et la lune qui, comme on dit nous contemple,  «la joue gonflée et le visage sot» (R. a écrit dans le livre, à Ravello : trouvé le deuxième acte de Parsifal.)

Jeudi 27 mai

Fête-Dieu, beaucoup de vacarme, agitation de cannibales qui doit horrifier les gens sensés et pieux. Siegfried est rempli de curiosité, il va six fois à la cathédrale, aller et retour ! Promenade en mer jusqu'à la grotte en deux barques, absolument magnifique, tout comme le retour vers la jolie ville de Vietri et ensuite le voyage en chemin de fer pendant lequel R. est de plus en plus gai et exubérant...

 

 

VILLA RUFOLO - RAVELLO

De retour à Naples....

Mardi 1er juin 1880

... L'après-midi, visite du peintre et du photographe, R. pose avec gentilesse et humour. Je ne puis vaincre mon émotion lorsque R. et Fidi [Siegfried] posent l'un à côté de l'autre et que l'on prend la photo. Le soir, l'ami Joukowski apporte ses dessins pour le deuxième acte de Parsifal. Il y a bien des choses à modifier, mais s'en occuper est déjà une merveilleuse joie ainsi que le zèle de notre ami. -- La vue par les fenêtres est si belle, R. dit que Capri et le Vésuve, c'est l'homme et la femme, le soleil et la lune.

Paul von Joukowski (1845-1912)

Fils du poète russe Vasily Andreyevich Zhukovsky, il réalisa les décors et les costumes de Parsifal, à Bayreuth, en 1883.