L'Hôtel FANTAISIE
(commune de Donndorf)

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 Extrait du Journal de Cosima Wagner :

Lundi 17 avril 1871

Bonne nuit à Nuremberg; nous sortons de bonne heure sous la pluie, prenons plaisir à tout ce que nous voyons, le Christ de Dürer me bouleverse, larmes d'émotion, voilà l'âme allemande dans sa bonté, dans sa noblesse humaine et calme, cela n'a rien de commun avec l'extase espagnole ni avec l'ascèse, c'est plus émouvant que cette dernière, qui peut parfois nous sembler cruelle, froide même. Départ à une heure, arrivée à cinq heures à Bayreuth. La ville a l'air charmante.

Mardi 18 avril 1871

Nuit de crainte et d'angoisse, R. s'éveille soudain avec des frissons de fièvre; j'envoie chercher le médecin qui ne se prononce pas et préfère attendre de voir comment cela va évoluer, mais ne peut s'empêcher de rire en disant : «Comme il arrive des choses curieuses! Qui m'aurait dit que je ferais la connaissance de Richard Wagner cette nuit?»...

Mercredi 19 avril

R. serait tout à fait remis si un bruit incroyable n'avait régné toute la nuit dans l'hôtel. Il s'agissait d'une fête donnée par des cavaliers qui se sont conduits comme les pires charretiers. Nous allons en voiture jusqu'au théâtre, un monument ravissant, plein d'enseignement sur la productivité de l'art allemand au dix-huitième siècle. On retrouve dans les moulure, volutes,etc. du dix-huitième siècle, l'esprit imaginatif qui animait les travaux du seizième siècle, encore que bien altéré. Cependant le théâtre ne nous convient pas du tout; il vaut donc d'autant mieux construire. Ensuite, trouver une maison, nous courons partout avec le régisseur du château, rien ne nous convient vraiment : donc construire pour nous aussi.

Richard et Cosima Wagner
 occupaient la chambre avec le balcon

Les Wagner séjourneront de nouveau à l'Hôtel Fantaisie en septembre 1872, en attendant que la maison de la Dammallee soit prête à les recevoir.